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De Fernand le 23/02/2016

Léo FERRE - Monaco 24.8.1916 - Castellina (Italie) - 14.7.1993 à 10 heures. "C'est extra (1969) ; le piano du pauvre ; le pont Mirabeau ; Monsieur mon passé ; pauvre Rutebeuf (1955) ; Jolie môme (1960) Le regard que porte Léo Ferré sur les femmes est indissociable de sa culture et de son époque. Il a une approche de la femme qui paraît aujourd'hui un peu datée, même si à bien des égards, il fut aussi en avance sur son temps. En 1960, à 44 ans, sa vision est celle d'un homme mûr en face d'une jeune fille libérée qui choisit ses partenaires et en change au gré de ses rencontres. Sa "jolie môme" est très physique, une modernité très éloignée du romantisme qui prévalait alors dans la chanson. Issu d'une famille de la petite bourgeoisie monégasque, son père, Joseph, est directeur du personnel au Casino de Monaco et sa mère, Marie, est couturière. Il avait une soeur, Lucienne, née en 1913. Ferré fait ses études en Italie, puis deux ans de philo à Monte-Carlo. En 1935, il se rend à Paris pour y préparer l'Institut des sciences politiques et une licence en droit. De retour à Monaco, en 1937, il exerce divers petits métiers. Pendant les années de guerre, il travaille à RMC, comme speaker, pianiste (il accompagne Lys Gauty), régisseur et bruiteur. A partir de 1943, il écrit ses premières chansons (la chanson du scaphandrier) et en 1945, il rencontre Edith Piaf qui lui conseille de retourner à Paris. Il se produit dans les cabarets rive gauche. Il débute en 1946 au Boeuf sur le Toit, puis au Quod Libet, l'Ecluse, aux Trois Mailletz, la Rose Rouge, Milord l'Arsouille. Il fait connaissance de Francis Claude, parolier (1905-1989), avec lequel il écrira plus tard "la vie d'artiste" et de Jean Roger Caussimon (1918-1985), dont il interprétera de nombreux textes comme : à Ostende, Monsieur William, mon camarade, le temps du tango, nous deux, ne chantez pas la mort. Il se lie avec le milieu libertaire et donne ses premiers galas au profit de la fédération anarchiste (1947). En 1950, il écrit un opéra "la vie d'artiste", enregistre ses premiers 78 tours, mais le succès tarde à venir, malgré le grand prix du disque remporté en 1954 par Catherine Sauvage (1929-1998), pour Paris Canaille, l'homme et graine d'ananar, des chansons qu'il a composées. Pour Gréco (1927), il a écrit "Jolie môme" En 1955, il passe en vedette à l'Olympia et en 1958 à Bobino où il sera plébiscité par un public tout acquis à sa cause, de même l'Alhambra en 1960. Il sera reconnu comme l'un des plus grands ACI de son temps. En 1968, il part s'installer en Toscane, en Italie. Il retrouvera un second souffle qui ne le quittera plus et lui vaudra l'attachement indéfectible d'une nouvelle génération de fidèles encline à faire de lui le porte-parole de sa révolte. Ferré sort : les anarchistes, Pépée (1968), c'est extra (1969), puis le double-album "Amour anarchie" Retiré avec sa nouvelle famille sur ses terres de Toscane, Ferré produit de nouveaux albums (avec le temps-1971, Richard, les vieux copains, l'oppression, les oiseaux de malheur). "Avec le temps" : paroles et musique de Léo Ferré. C'était un mélodiste soucieux de ses accompagnements musicaux, un orchestrateur, un pianiste de talent. Les chansons de Ferré n'eurent jamais les faveurs des programmateurs de radio. "Avec le temps" fit exception. Elle réunit un sujet universel, une mélodie facile à retenir, des mots simples ; elle est autobiographique. Les années perdues sont celles passées avec Madeleine entre 1952 et 1968. Même après avoir refait sa vie, le sujet restera pour Ferré toujours sensible. Son écriture est parfois très noire : la mort tu ne dis jamais rien, la folie). Il écrit aussi : il n'y a plus rien, et basta, la solitude, la mémoire et la mer, accompagnée d'une musique sobre : une chanson qui a connu le succès. Il a toujours eu à coeur de chanter des poètes classiques : Verlaine, Rimbaud, Apollinaire, Baudelaire, Aragon (Elsa). Son dernier disque en septembre 1991 a été "une saison en enfer". Léo Ferré s'éteint chez lui en faisant un ultime pied de nez aux conventions de la société bourgeoise qu'il a toujours détestée. De son éducation chez les frères d'un collège religieux pendant 8 ans, en Italie, il garda un fort anticléricalisme et développa son sentiment anarchiste. Sur le plan matrimonial, Ferré a épouse le 2.10.1943 à Issy les Moulineaux, Odette Shunck (1920). On sait d'elle, qu'elle avait posé pour des photos publicitaires et qu'elle ressemblait à Madeleine Sologne (une superbe blonde). Ils divorceront le 16.12.1950. Au cours de cette année 1950, il rencontre Madeleine Rabereau, déjà mère de famille. Elle sera sa seconde compagne et il en fait sa muse. Ils se marieront en 1952 et divorceront en 1973. Le couple était séparé depuis 1968. Alcoolique et cancéreuse, elle se remariera, puis décédera en 1993. Le 5.3.1974, il épouse en troisièmes noces, à Florence, Marie-Christine Diaz, une jeune femme, employée de maison, qui lui donnera trois enfants : Mathieu (1970), Marie-Cécile (1974) et Manuella (1978). Léo Ferré est décédé à 76 ans ; il est inhumé à Monaco. La fin a été pénible : trous de mémoire, jambes lourdes, fatigue, une opération : le corps ne suivait plus.