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De Fernand le 04/04/2017 "Les copains d'abord" - Georges Brassens enregistre cette chanson une dizaine de fois : la meilleure prise sera choisie : il s'agissait de la 8ème, réalisée le 24.10.1964. Georges annoncera bien haut que c'est essentiellement la musique qui a lancé le titre parce qu'elle swinguait vraiment |
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De Fernand le 07/10/2015 Georges BRASSENS - Sète (Hérault) 22.10.1921 - Saint Gely du Fesc (Hérault) - 29.10.1981 à 23 h 15. Signes particuliers : sa pipe, sa guitare, sa moustache et ses chansons parfois provocatrices. Son 1er succès : la mauvaise réputation en 1952, le parapluie (1952), puis viendront : les copains d'abord (1965), auprès de mon arbre, au bois de mon coeur, Marinette, le gorille (1952), complainte des filles de joie, la non demande en mariage (1966), ballade des dames du temps jadis, j'ai rendez-vous avec vous, le petit cheval blanc, les amours d'antan (1962), la prière (1954), la première fille (1954), la tondue (1964), chanson pour l'Auvergnat, heureux qui comme Ulysse, la cane de Jane, la guerre de 14/18 (1962), les sabots d'Hélène, oncle Archibald, les bancs publics (1952), les trompettes de la renommée (1962), la femme d'Hector interprétée également par Barbara (1930-1997), l'orage : "parlez moi de la pluie et non pas du beau temps !" ; mourir pour des idées (d'accord, mais de mort lente), Pénélope (1960 - une épouse modèle, femme au foyer) "La mauvaise réputation" était interdite d'antenne. Au dos du 78 tours était gravé "le petit cheval", chanson qui passait à la radio et le disque a été acheté, faisant connaître du même coup au public "la mauvaise réputation" "Le cocu" (1958) : dans le trio le mari, la femme et l'amant, le trompé est le personnage dont on se moque. Il fallait Georges Brassens pour faire une complainte sur le cocu. C'est d'ailleurs un thème qu'il aborde plusieurs fois et ici, il a les idées larges et le sens de l'humour : cocu tant qu'on voudra mais pas amphitryon. Partager sa moitié est-ce que cela comporte que l'on partage aussi la chère et la boisson ? "Les copains d'abord" : une chanson extraite du film du même nom et qui a valu à Brassens une de ses rares apparitions au cinéma - "Brassens, c'est notre folksong à nous". Cette musique balance agréablement ; elle est dans le style "jazzy". Au rendez-vous, Jean-Pierre, Paul et compagnie y avait pas souvent de lapins et quand l'un d'eux manquait à bord, c'est qu'il était mort. C'est vrai que Brassens avait le sens de l'amitié dans la durée. Pour lui, l'amitié était sacrée. Certains débits de boissons ont repris comme enseigne "les copains d'abord" Notre chanteur est le fils d'un maçon, Jean-Louis Brassens (+28.3.1965) et d'une mère napolitaine, Elvira Dagrosa (+31.12.1962), aimant le bel canto et les variétés. Il est né à Sète, 54 rue de l'Hospice. Georges passe une enfance et une adolescence heureuses, à côté de sa demi-soeur, Simone, née en 1912, du 1er mariage d'Elvira, une veuve de guerre. Sa jeunesse est baignée de jazz, de cinéma et de chansons. Guère intéressé par les études, il mène une scolarité médiocre, quitte le collège en 1939, mais s'ouvre à la poésie grâce à son professeur de français. Georges a fait cette confidence : "j'ai eu une enfance heureuse, mais gâchée par l'école" Ses parents n'appréciaient pas ses provocations et ses gros mots employés dans certaines chansons. En février 1940, il quitte Sète, vit à Paris, chez sa tante Antoinette Dagrosa qui tenait une pension, 173 rue d'Alésia et travaille comme tourneur chez Renault. Réquisitionné par le STO en 1943, il profite d'une permission pour se réfugier, le 21.3.1944, chez Jeanne Le Bonniec (1891-1968) et Marcel Planche (1898-1965), un couple d'Auvergnats. Leur demeure était inconfortable. Il n'y avait ni gaz, ni électricité, ni tout à l'égout et on se lavait à l'eau froide. Ce "palace" se trouvait 9, impasse Florimond à Paris (14ème) et Georges y restera jusqu'en 1965. Les chansons "la cane de Jane" et "chanson pour l'Auvergnat" ont été inspirées par cet étrange ménage à trois qui a duré plus de 20 ans. En 1958, Georges avait acheté une grande maison à Crespieres (Yvelines) et en 1972, une propriété à Lezardrieux en Bretagne, où il aimait souvent à se rendre. Dans les années 50, Georges donne plusieurs concerts et se produit à Bobino le 16.10.1953, à l'Alhambra, Olympia (février et septembre 1954). Mais après la libération, entre 1948 et 1951, les débuts furent difficiles, au Caveau de la République, au Tabou, à l'Ecluse, au Lapin Agile et au Milord l'Arsouille. C'est le 6 mars 1952 qu'il rencontre Patachou (Henriette Ragon -1918-2015) qui tenait un cabaret sur la butte Montmartre. Brassens y fit ses vrais débuts avec Pierre Nicolas (1920-1990), contrebassiste, avec lequel il collabora plus de 30 ans. C'était le plus proche fidèle. "Le parapluie" (1952) fait partie de la vingtaine de titres que Brassens présente à Patachou. Suant sang et eau, Brassens entraine ses chansons pendant plus de deux heures et Patachou s'exclame : "vous commencez demain". A la base, "le parapluie" s'établit sur un échange : "un petit coin de parapluie contre un coin de paradis", préalable qui tourne au malentendu et entraîne le départ de la fille. C'est Canetti (1909-1997) qui repéra Brassens et lui permit d'enregistrer ses 1ers disques et le fait passer "Aux Trois Baudets". Et c'est Jacques Grello, un chansonnier (1915-1978) qui lui avait conseillé de chanter en s'accompagnant à la guitare. Pendant les années 60, Brassens connait plusieurs succès sur disques et fait des tournées en France et à l'étranger (Belgique, Suisse, Québec). Mais il refuse de mener une carrière internationale. Pendant cette décennie, il perd ses parents. Pendant les années 70, Brassens poursuit ses tours de chant à Bobino. En janvier 1973, il entame ses dernières tournées françaises. Le 20.3.1977, il foule pour la dernière fois les planches de la scène de Bobino. C'est le thème musical "du clairon" qui a inspiré à Brassens la chanson "la guerre de 14/18" ; comme les archers du roy chantée par Georgius l'a également inspiré. Cette chanson sur la guerre 14/18 fut interdite d'antenne, d'autres ne pouvaient être programmées qu'après minuit, comme "le gorille", diffusée par Europe 1 en 1955 et qui évoque le désaccord du chanteur avec la peine de mort. "Le pornographe" de 1958 a rencontré quelques soucis de diffusion sur les ondes, tout comme "Fernande" une chanson polissonne ou quatre vingt quinze pour cent (la femme s'em..... en b......). Toute sa vie, il a lutté, par ses chansons contre une certaine hypocrisie de la société. On retrouve ce concept dans "les amoureux des bancs publics" (1952) où la sainte famille Machin qui croise sur son chemin deux de ces malappris mais qui de temps en temps voudrait pouvoir se conduire comme eux (se bécoter assis sur un banc public) En 1954, il avait reçu le prix C. Cros et comme il a régulièrement mis en musique des poètes comme Victor Hugo, Villon, Aragon (il n'y a pas d'amour heureux - 1954 - une inoubliable poésie qu'Aragon appréciait beaucoup), Paul Fort ou Lamartine "Il n'y a pas d'amour heureux" - Le texte a été écrit à Lyon par Louis Aragon en 1943 et a été mis en musique par Brassens. Aragon exprime sa conception d'un amour absolu. "Le petit cheval". Brassens a interprété, un poème de Paul Fort que Georges a admirablement mis en musique. "Le petit cheval" fait partie de l'un de ses tout premiers albums. Le poème était intitulé "la complainte du petit cheval blanc". Brassens en a simplifié le titre. La chanson aborde deux thèmes : le courage, le dévouement d'une part et la mort d'autre part. Le thème de la mort occupe une place importante dans toute l'oeuvre du chanteur. Le rythme de l'accompagnement rappelle celui du trot de cet équidé. En 1972, il reprendra cette chanson en duo avec Nana Mouskouri. Brassens écrivait la majorité de ses textes ; c'était un autodidacte qui au départ composait au piano, puis transposait ses musiques pour être interprétées à la guitare sèche. Il avait un sens aigu de l'amitié (Brel, Devos, Lino Ventura, Marcel Amont dit "le galopin" à qui il avait offert en 1974 "le chapeau de Mireille" ; de même qu'il avait fait cadeau de "l'Auvergnat" à Juliette Gréco, pour ses débuts à Bobino). C'était un grand timide, parfois angoissé de quitter les coulisses pour rentrer sur scène. Autre détail : il raffolait des chats. Sur le plan sentimental, Brassens a eu des liaisons après la libération, qui sont restées sans suite, mais le grand amour de sa vie fut Joha Heiman (1911-1999), une Estonienne juive dite "Püppchen" (petite poupée), rencontrée par hasard, un soir de 1947, dans le métro parisien. Elle avait été déjà mariée, puis divorcée et avait un fils. Ils se voyaient en secret pour ne pas déplaire à Jeanne Planche (voir ci-dessus) qui était une femme généreuse mais possessive. Plus tard, Brassens voyait "Püppchen" à certaines heures et certains jours seulement, parce que la création de chansons restait une priorité. "Puppchen" ne voulait pas être mise en avant. Elle venait applaudir son homme à Bobino, placée dans les premiers rangs. Elle lui inspira la chanson "la non demande en mariage". Ils ne se marieront ni ne cohabiteront jamais. Brassens expliquait en 1979 sur France Culture qu'il avait pris position non pas contre le mariage, mais contre la cohabitation. Brassens n'était pas un paillard et un trousseur de jupons invétéré. Ce maître de la chanson à texte avait une voix reconnaissable entre toutes, utilisant un vocabulaire choisi, incluant quelques expressions argotiques ou populaires. Certaines chansons ont été reprises à l'étranger, par des artistes locaux, comme : "le vieux Léon" en néerlandais ; "Marinette" en italien ; mourir pour des idées" en russe. Notre chanteur a souffert toute sa vie de graves problèmes rénaux, nécessitant des interventions chirurgicales (coliques néphrétiques - la chanson "l'épave" est en rapport avec ses soucis de santé). Il décède à 60 ans, d'un cancer généralisé. Il est inhumé à Sète, depuis le 31.10.1981. Joha Heiman sera enterrée à ses côtés, 18 ans plus tard. Brassens a dit d'elle : "ce n'est pas ma femme, c'est ma déesse". Pour conclure, il laisse le souvenir d'un grand artiste, au regard distancié, au sourire tendre, amoureux des mots, des poètes, farouche défenseur de sa liberté de vivre et de penser. Un homme pudique et discret, féministe avant l'heure, anticlérical tolérant, pacifiste, antimilitariste, apprécié par les femmes qui lui demandaient des autographes. |
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De renata le 07/09/2013 CHANSON POUR L'AUVERGNAT.1954. c'est en 1955 que l'on parle pour la première fois à la radio française de " hit-parade ". cette année là, tandis que les futures idoles des jeunes se font la voix dans les cours de récréations, le hit-parade recense les noms de jacqueline françois ( les lavandières du portugal ), luis mariano ( c'est magnifique ), mouloudji ( un jour tu verras ), eddie constantine ( l'homme et l'enfant ), georges brassens avec sa chanson pour l'auvergnat. succès considérable grâce auquel le chanteur sétois devint enfin accessible au " grand public " , c'est à dire celui qui ne va pas au cabaret et n'achète pas ( ou peu ) de disques. car, rappelons-le, beaucoup de ses chansons ( le gorille, hécatombe...) étaient interdites de diffusion sur les ondes prudes de la france bien pensante des années 50. la chanson convenait aux programmateurs mais surprit, voire irrita, certains admirateurs du brassens anar, bouffeur de curés et " gendarmicide ". cet auvergnat, avec " son père éternel ", avait à leurs goût des relents de charité chrétienne auxquels brassens ne les avait pas habitués. mauvais procès. brassens voulait saluer le passant anonyme qui tend la main au rebelle , à l'exclu, à celui que les autres rejettent. même si l'auteur s'en défendait, on sait que cet auvergnat ressemble bigrement à marcel planche, un peintre en carrosserie qui, avec sa femme jeanne ( toi l'hôtesse qui sans façon ) a aidé, nourri, hébergé le jeune brassens recherché par les allemands en 1943. marcel et jeanne demeuraient dans la désormais fameuse impasse florimont , sans eau, sans électricité. " j'en ai gardé un certain sens de l'inconfort ", dira plus tard le chanteur. la chanson pour l'auvergnat n'est pas une chanson chrétienne ( comme l'ont dit certains hommes d'église à l'époque), mais un discours d'humanité et de tolérance. des vertus que le chanteur a toujours défendues. |
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De renata le 04/09/2013 LES PASSANTES.1972. au début des années 40, à l'époque de sa retraite studieuse impasse florimont, chez jeanns, georges brassens déniche aux puces de la porte de vanves un petit recueil de poésies écrit par un inconnu et édité en 1918. les années passent. un beau jour, brassens remet la main sur ce recueil et met en musique un des poèmes : les passantes. il demande à son fidèle secrétaire et ami, pierre onteniente ( gibraltar pour les proches ), de retrouver l'auteur de ce poème, un certain antoine pol. mais les recherches restent vaines. quelques temps plus tard, le même gibraltar reçoit un coup de téléphone : " bonjour, je suis ingénieur. je m'occupe du cercle des centraliens bibliophiles. nous souhaitons réaliser une édition de luxe avec quelques chansons de georges brassens. nous avons besoin de votre autorisation. " " à qui dois-je envoyer la réponse ? " à antoine pol " comment ? antoine pol! est-ce vous qui avez écrit une poésie qui s'appelle les passantes ? " oui...mais comment savez vous cela ? et le brave gibraltar d'expliquer. on imagine la surprise du bonhomme àgé alors de plus de 80 ans. un peu plus tard, c'est brassens lui même qui appelle antoine pol pour le saluer et lui annoncer qu'il va enregistrer les passantes dans son prochain disque. c'est une dame qui est au bout du fil: " il vient de mourir ". antoine pol n'a jamais entendu son poème interprété par georges brassens. |
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De renata le 03/09/2013 LE GORILLE. 1952. la scène se passe à paris, sur la butte montmartre. 3 copains en poussent un quatrième qui a une guitare à la main. celui-ci ronchonne. arrivés rue du mont-cenis, ils s'arrêtent devant un cabaret: je ne rentre pas, elle va se foutre de moi! maugrée l'homme à la guitare. la maîtresse des lieux les accueille: regardez le spectacle et venez me voir après, je vous écouterai. le cabaret, c'était chez patachou. celui qui ne voulait pas y aller s'appelait georges brassens, c'était le 6 mars 1952. il avait ses raisons de ne pas vouloir y aller. quelques temps plus tôt, sous la pression amicale du chansonnier jacques grello, il s'était déjà produit au caveau de la république et au lapin agile. fiasco complet. il avait 31 ans. il se désespérait. ce soir là, patachou s'installe et écoute ce drôle d'animal hirsute et blême qui a déjà une furieuse envie de fuir. il entame avec : la mauvaise réputation. singulière façon de se présenter dira plus tard rené fallet. pierre nicolas , le contrebassiste de la maison, reprend son instrument et l'accompagne discrètement ( sans savoir qu'il en prenait pour 30 ans ). quand vient le tour du gorille, le regard de patachou s'éclaire. puis elle entend brave margot, les bancs publics...alors elle se lève: celles-là, elles sont pour moi! et les autres ? demande brassens interloqué. les autres, vous les chanterez ici tous les soirs. ça ne marchera pas! tu parles! dans un an tu seras plus célèbre que moi! et patachou va littéralement pousser le pauvre brassens pétrifié de trac vers la salle. le public n'avait pas l'habitude d'entendre des chansons ou l'on se moque des passants honnêtes, ou l'on tend la main aux voleurs de pommes et ou l'on chasse le papillon dans le corsage des filles. pourtant, ce soir du 9 mars 1952, le public l'accueille avec enthousiasme parce qu'il apporte une bouffée d'air frais. brassens débutera aux trois baudets le 19 septembre 1952 aux côtés de henri salvador, mouloudji, pierre-jean vaillard ( un autre sétois ) jean valton, lucie dolèneet darry cowl. le gorille est bien autre chose qu'une admirable polissonnerie , dira rené fallet. et le gorille fut interdit sur les ondes. c'est sur europe numéro 1 qu'on l'entendra la première fois en....1955. la peine de mort fut abolie beaucoup plus tard, le 9 octobre 1981. brassens est mort 3 semaines plus tard, le 29, il avait 60 ans. |
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De renata le 13/08/2013 LES COPAINS D'ABORD.1964. quintessence d'une oeuvre, le thème est un des favoris de l'auteur ( léon, au bois de mon coeur, etc.) : l'amitié faisant la nique au temps et l'emportant sur lui. la musique, réputée à tort monotone, montre le bout de son nez et s'affirme perturbatrice ( rock n' roll ou à peu près). une des plus belles chansons de brassens, composée pour le film : les copains, dont elle était le leitmotiv. |