Laissez un commentaire 
De Fernand le 18/03/2015

DAMIA "LES GOELANDS" (1905) A sa création, cette chanson de Lucien Boyer passe complètement inaperçue. Et puis un jour, Damia la reprend à son compte, l'enregistrera et en fait la chanson clé d'un répertoire où elle s'affirme comme une grande interprète dramatique

De renata le 22/10/2013

DAMIA. ( marie-louise damien. 5.12.1889. paris. 30.1.1978. saint-cloud. d'origine lorrraine, elle s'échappe à 15 ans de la maison paternelle ( son père était sergent de police ) après avoir frôlé la maison de correction. elle gagne sa vie en faisant de la figuration au châtelet. roberty, mari de fréhel, lui apprend à chanter et elle débute à la pépinière en 1911. partenaire de max dearly pour " la valse chaloupée " à londres en remplacement de mistinguett, elle passe à son retour au petit casino, puis à l'alhambra comme vedette féminine, la vedette masculine étant fragson. elle a 19 ans. remarquée par mayol, elle devient la vedette de son concert. on l'entendra ensuite aux ambassadeurs, à la gaîté-montparnasse, au casino de paris, à bobino, l'olympia, l'européen, l'empire, l'étoile, les folies-bergère, ainsi qu'à l'éphémère concert senga et au concert damia rue fontaine. pendant la guerre de 14-18, damia chante au front. après la guerre, elle part en tournée avec la troupe de loie fuller : elle chante alors des chansons patriotiques, comme la célèbre garde de nuit à l'yser, écrite dans sa tranchée par un poilu belge inconnu, jean val. elle mène ensuite une carrière parallèle de chanteuse et de comédienne, voire d'actrice de cinéma.entre temps, elle apprend la science de la lumière et des projecteurs : damia sera la première à les introduire dans le tour de chant; elle inaugure en même temps sur scène le fond de rideau noir et modifie sa propre tenue en échangeant la dentelle de bruges du concert mayol contre un fourreau noir très stylisé, au décolleté en v, sans manches, qui inspirera gréco. jusqu'à la fin de sa carrière, qui est très longue puisqu'elle ne quitte définitivement la scène qu'en 1956 ( dernier récital salle pléyel en 1949 ), dernière tournée au japon en 1953 ), damia reste fidèle au côté théâtral de sa mise en scène, qui date d'avant l'époque du micro : occupant toute la scène, elle joue en toute liberté de ses bras nus et des expressions d'un beau visage ferme qui, cheveux rejetés en arrière, " s'offre comme une chose nue ". moulée dans son fourreau d'ou émergent des épaules restées célèbres, elle rappelle les sculptures grecques. sa voix, " faite d'un sanglot et d'une révolte mélés ", est rapeuse, prête à se briser, manquant de timbre, mais " c'est une voix véritable et naturelle ou les erreurs même prennent du prix ". ( p. bost ). celle que l'on a appelé " la tragédienne de la chanson " a été cataloguée aussi chanteuse " réaliste ". dans son cas, cette épithète recouvre un répertoire très varié, allant du mélodrame chanté ( la suppliante, la malédiction, sombre dimanche ) au poème mis en musique ( le ciel est par dessus le toit, verlaine- reynaldo hahn ) en passant par la rengaine des faubourgs ( la chaîne ). répertoire choisi surtout en fonction des possibilités techniques qu'il peut offrir : damia danse avec " le grand frisé ", joue tour à tour la petite fille et le sadique dans " le fou ", porte un mort dans ses bras " pour en arriver là ", s'assied par terre la tête penchée " d'une prison ", passe sous un projecteur ensanglanté " la veuve ", ouvre tout grand ses ailes " les goélands, son immense succès ". mais, à l'inverse d'yvette guilbert qui sans cesse change de visage avec l'argument, damia garde un " personnage " constant qui a été, comme l'écrit p. bost, " peut-être le meilleur exemple du déplacement de l'intérêt de la chanson vers l'interprète.