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De Fernand le 01/06/2015

Catherine SAUVAGE - (Jeanine, Marcelle Saunier) - Nancy (Meurthe et Moselle) 26.5.1929 - Bry sur Marne (Val de Marne) 20.3.1998 au cours de la nuit. Très tôt, cette enfant unique, décide, malgré le veto de son père qui est comptable, de devenir comédienne. Elle a 11 ans, quand elle doit suivre sa famille en zone libre à Annecy. Pendant la guerre, elle est renvoyée du lycée, pour avoir chanté "y'a d'la joie" de Charles Trénet, lors d'un gala d'amateurs. Pendant huit ans, elle étudie le piano, le chant et l'art dramatique. Son pseudonyme a été emprunté à une amie d'enfance qui s'appelait Sauvage. Elle arrive à Paris à l'automne 1946 et s'installe dans un petit appartement du boulevard Blanqui (13ème). Le piano du pauvre, l'Ile Saint Louis, Paris Canaille, papa pique et maman coud, des chansons extraites du répertoire de l'une des grandes représentantes de la chanson rive gauche. Ses tout débuts ont lieu au Bœuf sur le Toit (Paris 8ème), en janvier 1948, puis au Trois Mailletz en 1949. Elle poursuit sa carrière dans les cabarets de Saint Germain des Près (au Quod Libet, l’Écluse en 1951, l'Arlequin en 1952). Elle se présentait sur scène, les pieds chaussés de spartiates, habillée en robe de bure, serrée à la taille par une cordelette. Sa rencontre, dans les années 50, avec Léo Ferré (1916-1993) qui lui confie plusieurs chansons (Paris Canaille -1953- graine d'ananar) lui permet de s'affirmer comme une interprète sensible et révoltée. Dès le 20 février 1953 et pendant près de deux ans, elle passe aux Trois Baudets dans le spectacle "ne tirez pas sur le pianiste" et en 1954, sort son album "l'homme" (écrit par Ferré) qui sera récompensé par le prix du disque C. Cros et lui ouvre l'accès à l'Olympia en décembre 1954 en première partie de Dario Moreno. En février 1955, elle chante à Bobino. La même année, elle fait partie des tournées organisées par Jacques Canetti, en compagnie de Jacques Brel. Le 28.9.1957, elle revient aux Trois Baudets en tête d'affiche. En 1958, elle reçoit un deuxième grand prix du disque. En 1960, elle passe à Bobino pour un long tour de chant. Le 30.10.1961, elle donne son 1er récital "chansons de coeur ... chansons de tête", sur la scène de la Gaîté Montparnasse et y interprète 38 chansons. Femme de gauche, Catherine devient une figure emblématique de la chanson engagée, inscrivant à son répertoire des textes de Bertolt Brecht (1898-1956), Aragon (1897-1982), Brassens (1921-1981), Mac Orlan (1882-1970). En 1962, C. Sauvage enregistre quatre chansons de Gainsbourg (1928-1991 : "black trombonne" - "l'assassinat de Franz Lehar" - "les goémons" - "Baudelaire" L'année 62 est la vogue yéyé ; interprète de chansons à texte, de poésies mises en musique, elle en subit de plein fouet les conséquences. En 1963, elle consacre un disque entier à Louis Aragon. Elle enregistre "comme à Ostende" (1965) et va chanter au Québec où elle rencontre Gilles Vigneault (1928), alors totalement inconnu en France. En 1966, elle enregistre un album entier de ses compositions parmi lesquelles : mon pays, les corbeaux, les vieux mots, le livre. Elle fera du théâtre, à la Gaîté Montparnasse, au Vieux Colombier, en attendant des jours meilleurs. C. Sauvage fera son retour sur la scène de Bobino, le 20 avril 1968 en occupant la tête d'affiche. le récital sera enregistré sur disque sous le titre "Bobino 68, le bonheur" Le 13.5.1969, elle chante au Théâtre de la Ville et reviendra à deux reprises à Bobino en avril 1970 et novembre 1971. Elle se mettra en semi-retraite au début des années 70. Elle s'adonnera à la peinture, passera dans divers cabarets parisiens, tels le Don Camilo, la Tête de l'Art. Entre 1982 et 1986, Catherine Sauvage se produit à l'étranger (Japon, Canada, Amérique Centrale, Amérique du Sud). Sa dernière prestation eut lieu à La Rochelle, en juillet 1994, lors des Francofolies. Catherine Sauvage a été la compagne de Pierre Brasseur (1905-1972) pendant plusieurs années, à compter de mai 1962. Ils avaient lié connaissance lors de l'enregistrement d'un 25 cm, dans le studio Apollo. Elle épousera en 1997, Gérard Paris et restera sans postérité. Michel Legrand (1932) a été son arrangeur et Jacques Loussier (1934), son pianiste. Brassens a dit d'elle : "elle ne chante pas, elle mord", parce que sur scène, elle déployait une hargne raffinée et parvenait à interpréter 37 chansons par récital. Il la surnommait "brise culasse". Sur scène, l'artiste était d'une grande sobriété, sans gestes inutiles, sa tenue vestimentaire également. On a pu la voir au cinéma dans : mémoires d'un flic (1956), Paris Canaille (1956), deux heures à tuer (1965) et dans la fiancée qui venait du froid (1983) et dans quelques téléfilms. Cette figure majeure de la chanson française, cette chanteuse de caractère, à la voix rauque, qui aimait les gens qui font bien leur travail, est morte chez elle à 68 ans d'un cancer. Elle a été incinérée au Père Lachaise et ses cendres remise à sa famille.